Biographie

Présentation générale



 

Née le 1er décembre 1943, à Neuilly sur Seine[1] (*1), Blandine Kriegel est philosophe, écrivain, Professeur des Universités. Elle est devenue après ses études à la Sorbonne, professeur agrégée notamment en classes préparatoires des lycées puis, chercheur (CNRS, Collège de France), maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques, Professeur des Universités[2]. Elle est maintenant Professeur émérite. Parallèlement, elle a conduit des activités de publication, d’édition et de programmation. Elle a aussi occupé de hautes responsabilités dans l’action publique, comme Chargée de mission à la modernisation de l’Etat, par le Président François Mitterrand, et sous le quinquennat de Jacques Chirac, Conseillère à la Présidence de la République et Présidente du Haut Conseil à l’Intégration.

 

Blandine Kriegel appartient à la génération formée dans les années soixante à la double école de l'épistémologie et du marxisme althussérien. Après l’agrégation de philosophie, et l’influence décisive reçue par elle de Georges Canguilhem qui a dirigé son diplôme sur la mécanique dans la théorie politique de Hobbes à l’Institut d’Histoire des Sciences, Michel Foucault, sur la recommandation de G. Canguilhem va en 1973, diriger sa thèse sur sa sur la constitution de l’histoire savante aux XVII-XVIIIème et la recruter à son laboratoire du Collège de France. (*2)

Parallèlement, Blandine Kriegel suit pendant plusieurs années, les séminaires de Raymond Aron et de François Furet, penseurs libéraux critiques de la Révolution. A l’instigation d’Annie Kriegel, de François Furet et d’André Burguière, elle publie articles et comptes-rendus dans la Revue Annales, E.S.C. (1973). Dans le même temps, proche de Jean-Toussaint Desanti, elle commence avec lui des entretiens qui aboutiront à la publication avec Pascal Lainé du Philosophe et les pouvoirs (1976).

Sa thèse, sera publiée sous le titre Les historiens et la monarchie (1988), puis (2ème ed., l’Histoire à l’âge classique (4 vol., Paris, PUF, 1988). Au décès de Foucault en 1984, elle la termine, et Bernard Bourgeois accepte d’en présider le jury en 1988. C’est de cette recherche que, selon Blandine Kriegel, sont tirées toutes ses découvertes ultérieures et d’abord son premier livre, L’Etat et les esclaves (1979) où elle redécouvre l’Etat de droit promis à un succès international (59 tirages) et le début d’un ensemble d’invitations dans les grandes universités du monde. Elle s’oriente également dans le même temps vers la philosophie politique et la redécouverte du droit, ce qui lui vaut d’être cooptée à l’Institut International de Philosophie Politique, ainsi que d’entrer à la Société Française d’Histoire du droit,  sur la proposition de Michel Villey avec lequel elle noue des liens d’amitié. Elle sera invitée en 1980 à l’Institut Européen des Sciences Sociales à Florence.

 

Pour retracer et comprendre son parcours orienté vers l’élaboration d’une philosophie du politique, nous choisissons un exposé méthodique plutôt que strictement chronologique. Bien que Blandine Kriegel se soit intéressée parallèlement aux trois domaines de l’histoire, du droit et de la philosophie, il nous a paru utile de les distinguer, pour mesurer ce que ses travaux ont pu apporter d’inédit. Interrogée, Blandine Kriegel estime en effet, que ses découvertes (ou redécouvertes) ont porté essentiellement sur les points suivants : 1° l’Etat de droit, 2°, l’histoire du droit et la politique monarchique de relégation du Droit romain en France et en Angleterre à la Renaissance, 3° La loi naturelle et le Droit naturel, 4° L’existence d’une « autre voie », alternative de la via moderna classique réflexive et subjective dans la philosophie moderne.

 

L’histoire

 

Dans le champ historique, ses études sont essentiellement consacrées à l’histoire de l’Etat et à la généalogie de la République. Son travail aboutira avec la publication de sa thèse, Les historiens et la monarchie, (Paris, P.U.F., 1988, 4 vol., republié sous le titre L’histoire à l’âge classique, Paris, P.U.F, 1996), récompensée d’un prix de l’Institut, à une reformulation complète des origines et de la nature de l'histoire savante moderne. Loin de prendre sa source dans les Lumières du XVIIIème siècle qui l'aurait plutôt atténuée, l'histoire savante héritière de l’humanisme, s’est organisée un siècle plus tôt, dans « les grands ateliers de l’histoire classique », au gré des besoins d’un Etat de droit en formation à l’intérieur même de la monarchie. Ses conclusions s’écartent notablement de celles des historiens qui soutenaient la thèse chère à Porchnev, selon laquelle l’État classique n’est qu’un Etat féodal‑seigneurial et les analyses qui, sur ce point d’accord avec Marx, assignait la naissance de l’histoire savante moderne à la présence des « dynamiques » post-révolutionnaires que l’on trouverait chez les historiens de la lutte des classes (Quinet, Mignet et d’autres). De même la nature de l’histoire savante l’enracine, avec la Diplomatique de Mabillon, héritière de la philologie humaniste, dans un savoir étayé sur les sources authentiques qui la constitue comme science humaine particulière.

 

Enjambant sa thèse, Blandine Kriegel a étudié par plusieurs angles l’histoire de l’Etat et la généalogie la République auxquels sont consacrés les travaux suivants.

 

L’Etat et la démocratie (1986) ; Les Chemins de l'Etat, I (1986) ; la Politique de la raison, Les Chemins de l'Etat 2, (1994) ; Propos sur la Démocratie, Les Chemins de l'Etat 3, (1994) ; Cours de philosophie politique (1997). Ayant établi l’équivalence dans la pensée politique entre Etat de droit et République (l’Etat de droit n’est rien d’autre que la transposition dans l’Etat républicain des principes de la république), elle a souligné, en s’appuyant sur des définitions d’Aristote dans la politique, que les deux concepts de république et démocratie ne sont pas sur le même plan : la République décrit un régime de lien civil ou social, son opposé est l’empire ; la démocratie ressortit à un type de gouvernement et se distingue de la monarchie et de l’aristocratie. Elle s’intéresse, dès lors à la généalogie de la république et à la démocratisation de la république Sur ces questions elle publiera une première récapitulation, Philosophie de la République (1998), puis ultérieurement Empire et Etat de droit (2002), La république et le prince moderne (2011). Elle va alors s’occuper derechef et dans le même temps, de l’histoire du droit.

 

Le droit

 

Ses travaux sur l’histoire du droit, inaugurés par la redécouverte de l’Etat de droit n’ont pas fait jusqu’à présent l’objet d’un ouvrage unique qui les rassemblerait tous, même si une première synthèse se trouve déjà dans Etat de droit ou Empire ? (2002).

Une première recherche concerne la différence entre l’esprit du droit civil romain et du droit politique moderne (dans sa thèse), puis la politique de relégation du droit romain conduite par les monarchies anglaises et françaises. Blandine Kriegel est revenue à plusieurs reprises sur cette politique dans 1° Les chemins de l’Etat, Tome I, 2° dans sa thèse, l’histoire à l’âge classique au Tome II et Tome IV et 3° La politique de la raison (1994). Bien que cette politique de relégation du droit romain suivie par les monarchies anglaises et françaises sous l’Ancien Régime, ait été étudiée minutieusement par les écoles anglaise et française de l’histoire juridique du XIXe et XXè siècles, en Angleterre et en France (W. Maitland, F. Pollock, J. Flach, J. Declareuil et M. Villey) elle semblait depuis longtemps oubliée. Elle a été pourtant l’antichambre, depuis la Renaissance, de l’essor de l’Ecole du droit de la nature et des gens et de la philosophie politique moderne. Mais elle s'est trouvée aussi au cœur d’une polémique. Son existence même heurtait perpendiculairement les principes de l’école historique du droit germanique du XIXème et XXème siècles (Savigny, Mommsen et Kantorowicz), pour laquelle tout le développement juridique et politique moderne venait de l’Empire comme tout le droit moderne était issu du droit romain impérial médiéval.  Une très vive discussion a ainsi opposé pendant une longue durée, l’Ecole française de François Hotman à Emile Chenon et Michel Villey comme l’école anglaise de Bracton à Maitland, à l’Ecole allemande. Aujourd’hui encore, certains historiens influencés par la vision de l’école historique allemande du droit (J Krynen et Y. Thomas) ont réaffirmé les conceptions germanistes. Néanmoins, après les travaux de D. Kelley, J. A. Pocock et Q. Skinner qui tous trois, soulignent l’opposition du courant républicain depuis la Renaissance au droit romain impérial, la polémique s’est largement effacée. Car à la vérité, les enjeux de l’histoire du droit à l’âge classique touchent aussi l’interprétation générale du droit politique et de la philosophie. La modernité doit-elle tout à l’empire et au droit germanique médiéval ? L’Europe des royaumes de l’ouest n’a-t-elle rien apporté ? Le développement de l’histoire des idées politiques, particulièrement puissant ces dernières décennies en Europe et dans le monde anglo-saxon, montre combien la philosophie et le droit politique ont été renouvelés à l’époque moderne.

Un second développement qui intéresse cette fois la philosophie des Droits de l’homme se trouve dans Le droit naturel et les Droits de l’homme, Paris, PUF, 1986 (première version publiée en 1984). L’ouvrage opère un retour remarqué à la dimension juridique classique en opposition avec les idées dominantes du XXème siècle qui considéraient le droit naturel comme opaque. Blandine Kriegel montre que la philosophie des Droits de l’homme présente dans les déclarations du XVIIIe siècle, argumentées précocement chez Vitoria Las Casas, Hobbes, Spinoza, Locke, ne relève nullement de la philosophie moderne du sujet et de la volonté, mais d’une philosophie modernisée du droit naturel et de la loi naturelle. Une discussion nait ici avec à Alain Renaut et Luc Ferry qui rapportaient les Droits de l’homme à la philosophie réflexive du sujet et de la volonté. Blandine Kriegel précise qu’il ne faut pas confondre la loi naturelle moderne et égalitaire avec l’idée aristotélicienne hiérarchique et inégalitaire.

 

Les travaux de Blandine Kriegel sur l’histoire du droit ont alors trouvé un débouché actuel dans ses Réflexions sur la justice (2001) et sur la réforme de l’Etat administratif. Son travail sur la justice l’a porté à réfléchir à la réforme de la justice (ouv. cit., 2001) et à la réforme de l’Etat administratif, notamment face au drame de santé publique du sang contaminé (Le sang, la justice, la politique, Paris, Plon, 1999). Malgré de nombreuses réflexions en prise avec l’actualité (participation à des commissions (notamment sur la justice), l’essentiel de ses recommandations est resté, selon elle, lettre morte.

Le troisième domaine présent d’emblée dans son travail et qui a pris de plus en plus de place est celui de la philosophie.

 

 

La philosophie

 

Sa trajectoire, comme elle l’explique dans Querelles françaises (2008), l’a conduite à une redécouverte de la philosophie politique classique, différente de celle de Léo Strauss ou de Hannah Arendt, qu’elle admire par ailleurs, pour dépasser la catastrophe allemande. Ces deux grands esprits se sont engagés dans un retour aux Anciens quand Blandine Kriegel opte résolument pour les Modernes.


Elle a d’abord focalisé ses publications et son enseignement sur la philosophie politique moderne (Spinoza, Bodin, Vitoria, Hobbes, Les chemins de l’Etat, I, 1986). Elle a examiné plus particulièrement trois de ses fondamentaux : d’abord la doctrine de la souveraineté, telle que Bodin l’avait élaborée en retravaillant sur la notion de merum imperium, pour former le concept d’un Etat républicain (1979-1984-1986, repris dans La défaite de l’érudition, 1988). Puis l’étude des concepts fondamentaux du droit politique moderne : la théorie du contrat, d’origine théologico-politique, la doctrine des droits de l’homme, le peuple et la nation. Elle les expose en 1998, dans Philosophie de la république. Blandine Kriegel s’est engagée dernièrement dans une récapitulation globale de la pensée politique du XVe au XVIIIe siècle dont le premier volume La République imaginaire I, La Renaissance a été publié en 2021.


Comment est-elle alors revenue à la philosophie pure ? Inégalement développée dans chacune de ses parties, l’utilisation de l’histoire, du droit et de la philosophie que nous avons évoquée a marqué la trajectoire intellectuelle de Blandine Kriegel en décalant profondément l’état des questions qui lui avaient été transmis par la génération précédente, sur plusieurs aspects sensibles. 1° La prédominance de l’économique et du social, qui inclinait à considérer la politique comme une structure épiphénoménale. 2° La conception impériale germanique du développement politique, et l’hégémonie tardivement mais lourdement installée dans la culture française à la fin du XIXe siècle, de la philosophie juridique et de la métaphysique germaniques. En affirmant la consistance de l’objet politique et en remettant à l’honneur l’importance du droit, Blandine Kriegel bousculait ainsi deux grandes traditions, installées au XXème siècle avec la suprématie inentamée de l’idéalisme allemand qui faisaient obstacle à la compréhension de la pensée politique moderne.


Sa philosophie politique s’éloignait en effet des avenues principales et du main stream de la philosophie universitaire dominée par la philosophie allemande post-kantienne. Après sa mise en cause du Romantisme politique (L’Etat et les esclaves, 1979), Blandine Kriegel entreprend une critique radicale de la philosophie antihumaniste de l’idéalisme allemand, de Fichte, Hegel et Heidegger, qu’elle a été conduite à enseigner pendant près de cinq années de son professorat à l’Université de Lyon III ; voir La politique de la raison, 1994. A ce point, elle estime qu’il n’existe pas une voie mais deux voies de la modernité. Si elle s’intéresse également à la théologie (l’École française de spiritualité), le jansénisme (dans sa thèse), le protestantisme (La République et le prince moderne, 2011) et ne cache pas son admiration pour le judaïsme (L’État et les esclaves et de nombreux articles) – dans lequel elle trouve l’une des sources fondamentales de la pensée moderne – c’est qu’elle voit dans la théologie de la Renaissance et de l’Âge classique non une alternative à la modernité mais une source de cette dernière. La philosophie du sujet n’est pas seule et elle tente de retrouver un autre courant issu de la philosophie en réexhumant la pensée française et anglaise (voir Philosophie de la République, Paris, Plon, 1998 et Querelles Françaises, Paris, Grasset, 2008). Dans son ouvrage, Spinoza, l’autre voie, 2018, elle entend ainsi remettre au centre de la philosophie moderne, la philosophie de Spinoza. Mais cette partie de son travail n’est pas achevée. Blandine Kriegel estime que si la génération qui précède la sienne a pu mener à bien une critique largement engagée des errements de la Révolution sociale, elle n’a pas jusqu’à présent fait le même effort en ce qui concerne la Révolution conservatrice, notamment en métaphysique. Elle a commencé de s’y consacrer.

 

Blandine Kriegel observe alors qu’une partie des malentendus et les incompréhensions qui concerne son travail tient d’abord à la domination inentamée dans les sciences humaines des trois grands paradigmes qui ont dominé l’époque contemporaine : la Révolution sociale, la Révolution conservatrice, le libéralisme, qu’elle souhaite dépasser. En s’opposant frontalement à la Révolution conservatrice (elle a été l’une des premières en France dans sa génération à critiquer Carl Schmitt, Ernst Kantorowicz), elle n’entend pas pour autant reconduire l’idée que l’économique ou le social fassent du politique, un épiphénomène. Elle plaide pour une consistance de la politique républicaine notamment, du droit politique et du théologico-politique, autrement dit, pour qu’on reconnaisse que la politique est fondée sur des normes éthiques ou juridiques, confortée dans cette orientation par la conviction que les problèmes fondamentaux du XXIe siècle seront bien (ce qui n’exclut nullement leur inévitable sécularisation) juridiques et religieux.

 

Mais un second courant qui n’est pas moins puissant, cette fois en philosophie, doit être mis en question, alors même qu’il a dominé longuement avec la prééminence et l’attitude de la philosophie allemande, la philosophie européenne fondée sur le sujet et la volonté. De même que Spinoza avait critiqué Descartes, il est nécessaire, estime-t-elle, de critiquer à notre tour les philosophies de la catastrophe qui ont triomphé au XXème siècle.

 

En France, si ses travaux ont fait l’objet d’une réception indiscutable auprès de nombreux juristes et politologues, sur le plan philosophique en revanche, Blandine Kriegel entrée résolument dans la tradition de l’École française d’épistémologie (Canguilhem, Foucault), connaît de ce point de vue certainement une solitude qu’elle assume volontiers, le prix à payer, selon elle, pour la recherche de la vérité, d’autant qu’à l’opposé ses ouvrages lui ont valu des comptes-rendus et de nombreuses invitations dans le monde entier.

 

Parallèlement, Blandine Kriegel s’est engagée pendant ses années de formation, dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie et dans le mouvement de mai 1968. Elle n’en tire ni orgueil, ni indignité mais estime qu’à l’exception du combat pour le droit des femmes (elle s’engage pour la parité, voir ses articles), son parcours intellectuel propre qui se développe à partir de 1970, a été davantage marqué par les interrogations que lui a léguées la génération précédente sur l’échec de la Révolution et du communisme (voir Querelles françaises).

 

Elle a poursuivi de manière bénévole des missions publiques où elle s’est illustrée comme membre de plusieurs Commissions, dont notamment la Mission sur la modernisation de l’Etat mise en place par François Mitterrand, la Commission Truche de réflexion sur la justice et la Présidence du Haut Conseil à l’Intégration qu’elle a exercée, de 2002 à 2008. Elle a été appelée comme conseillère au cabinet du Président de la République pendant tout le quinquennat de Jacques Chirac (2002-2006) (4).

 

Membre de nombreuses sociétés savantes, Blandine Kriegel est régulièrement invitée comme conférencière dans les grandes universités du monde entier où son œuvre est discutée (cf. compte-rendu de ses œuvres). Elle a mené également de front une activité d’édition .

 

Études

Etudes secondaires aux Lycées Jules Ferry et Fénelon, Paris. Etudes supérieures à la Sorbonne (et non comme l’a prétendu Wikipédia, à l’ENS Fontenay). Agrégation de Philosophie. Doctorat d’Etat es Lettres.

 

Carrière 

Professeur agrégé de philosophie de lycée, (1968-1978). Attachée puis Chargée de recherche au CNRS Paris, d’abord au Collège de France, Laboratoire de Michel Foucault, (1978-1988), puis à son décès, au Centre d’Analyse Comparée des systèmes politiques, Université de Paris I. Chargée d’enseignement à Paris I. Maitre-de-Conférence à L’Institut d’Etudes Politiques, (1983-1988), Professeur des Universités à l’Université de Lyon III, (1988-1993), puis à l’Université de Paris X, Nanterre, (1993-2002). Chargée de Mission auprès du Président à la Présidence de la république, (2002-2006). Professeur émérite des Universités, 2006.

 

Instituts et sociétés scientifiques

A été ou est, Membre de la Société Française d’Histoire du Droit, de l’Institut International de Philosophie Politique, du Conseil scientifique de la Bibliothèque de France, du Collège universitaire Franco-russe, du Collège universitaire français de Sarajevo, de l’Association Française de Sciences Politiques, de l’Association Française de Philosophie Politique, de l’Association Européenne pour l’Histoire de l’Etat, de l’Association Française d’Histoire des Idées Politiques, de l’Association Française des Historiens Modernistes, de l’Association à la Mémoire d’Alphonse Dupront et de nombreuses sociétés savantes. (Voir les articles sur Kant, Fichte, dans La politique de la raison, 1994, et sur Hegel).

 

Enseignement et conférences à l’étranger

Professeur-conférencière invitée notamment aux universités ou collèges universitaires, à Athènes (Grèce), Washington (Georgetown), Miami, Harvard, Princeton, New-York (NYU), Los Angeles (UCLA), (Etats-Unis), Ottawa, Toronto (Canada), Bogota (Colombie), Caracas (Venezuela), Porto Alegre (Brésil), Pise, Rome, Florence, Milan (Italie), Bad-Humburg, Francfort, Berlin, Munich, Ludwigsburg, (Allemagne), Vienne (Autriche), Moscou, Saint-Pétersbourg (Russie), Birmingham, Londres, Cambridge, (Grande-Bretagne), Madrid (Espagne), Porto, Lisbonne (Portugal), Tokyo (Japon), Colombo (Sri Lanka), Madras (Inde), Brisbane (Australie), Pékin,(Chine), Abidjan (Côte d’Ivoire), Maastricht, Leyde, Utrecht, Amsterdam, (Hollande), Fribourg, Genève. Lausanne (Suisse), Bruxelles, Louvain, Anvers, (Belgique), Reyjavik (Islande), Port-au-Prince (Haïti), Fez, Rabat (Maroc), Natanya (Israël)

 

Activités d’édition, de programmation et de publications

Directrice de la collection, l’Ordre des choses, Calmann-Lévy, 1973.

Directrice des collections, Questions et Les chemins de l’histoire, aux PUF, 1981.

Directrice de la revue, Philosophie politique, aux PUF, 1986.

Productrice fondatrice des Vendredis de la philosophie, France Culture, 1999. 

Productrice fondatrice de l’émission Philosophies, RadioJ, 2019.

 

Responsabilités publiques exercées à titre bénévole

Chargée de la mission sur la modernisation de l’Etat par le Président de la République, François Mitterrand, 1985.

Membre de la Commission nationale sur la Réforme du procès pénal, 1994.

Membre de la Commission nationale sur la Refondation de la culture, 1996.

Membre de la Commission de Réflexion sur la justice, 1998 (Commission Truche).

Chargée de mission par M. Jack Lang, Ministre de l’Education nationale sur la mise en place des mastères professionnalisants, 2000.

Membre du Comité Consultatif National d’Ethique, 2002-2008

Chargée de mission par M. J.-J. Aillagon, Ministre de la Culture et de la Communication, sur la violence à la télévision, 2004.

Présidente du Haut conseil à l’Intégration, 2002-2008.

 

Distinctions françaises et étrangères.

Prix de l’Institut pour sa thèse de Doctorat es Lettres, L’Histoire à l’âge classique, Paris, PUF, 1988, 4 vol. (1989)

Prix Bonnefous pour l’ensemble de son œuvre (2022).

Prix Philippe de Marnix de Sainte Aldegonde, 2012 (Belgique).

Commandeur de l’Ordre National du Mérite, 2001.

Commandeur de l’Ordre de la Légion d’Honneur, 2008.

Commandeur du Wissam Alaoui, 2004 (Maroc).

 

Quelques comptes-rendus et discussions.

 

Point de vue d’ensemble de son itinéraire philosophique :

Voir dans Querelles Françaises, entretiens avec Alexis Lacroix, Grasset, Paris, 2009, la Préface d’Alexandre Adler et les questions d’Alexis Lacroix.

 

L’Etat et les esclaves, Paris, Calmann-Lévy, 1979, réédité sans faille depuis lors (Princeton, Payot, plus de quarante ans), a donné lieu à de très nombreux compte-rendus). Voir principalement la préface de la traduction américaine par Donald Kelley, le maître des études d’histoire des idées politiques et juridiques, The State and the rule of Law, Princeton, Princeton University Press, 1995, pp. VII-XV.

 

Sur sa thèse, Les historiens et la monarchie, Paris, PUF, 1988, 4 vol., voir Roger Chartier, Le Monde, nov. 1988, repris dans Le jeu de la règle, Presses Universitaires de Bordeaux, Bordeaux, 2000, Pierre Chaunu, Le Figaro, deux articles, oct. 1988, Elisabeth Badinter, Le Nouvel Observateur, 1988 et Judith Miller, 1988. Voir également J.G.A. Pocock, Barbarism and Religion. The Enlightenments of Edward Gibbon…., 2 vol., Cambridge, Cambridge University Press, 1998, 1er volume.

 

Le droit naturel et les droits de l’homme, Paris PUF, 1986; Les chemins de l’Etat, les 5 volumes, voir Jan Hunter et David Saunders, Natural Law and Civil Sovereignty, Palgrave Macmillan, 2002.

 

La philosophie de la République, voir Philip Petitt, La République, une théorie du gouvernement (traduit de l’Anglais), Gallimard, 2004.

 

La politique de la raison, Paris, Payot, 1994, voir, Jan Hunter, Rival Enlightenments : civil and metaphysical Philosophy in early Modern Germany, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.

 

La République et le Prince Moderne, voir Jacques-Alain Miller, « Blandine Kriegel et l’archéologie de la République », Lacan Quotidien, 15 nov. 2011, et Bernard Henri-Lévy, « Connaissez-vous BBK ? », La règle du Jeu, Le Point, 7 décembre 2011.

 

Plus discutée hors de France que dans son propre pays, l’œuvre de Blandine Kriegel a également suscité des oppositions critiques qui ne se sont pas toujours refermées, notamment sur le bien-fondé de l’Etat de droit, la philosophie des droits de l’homme et l’histoire du droit. Sur l’Etat de droit, voir notamment Jacques Chevalier qui se faisait l’écho de la critique marxiste. Plus récemment, pour Alain Badiou, Toni Negri, il n’existe pas d’Etat de droit, il n’existe que des empires.

 

Sur la généalogie philosophique des droits de l’homme pour décider si celle-ci est fondée sur une conception volontariste du sujet moderne ou enracinée dans la philosophie du droit naturel et de la loi naturelle, une discussion s’est engagée avec le philosophe Alain Renaut qui se prolonge dans plusieurs de ses ouvrages et des siens. (Voir Philosophie de la République).

 

Sur la question du droit romain et la relégation du droit romain par la monarchie française et la critique du droit romain impérial par l’Ecole de Bourges, une observation que Blandine Kriegel partageait avec Michel Villey, malgré l’opposition désinvolte de Yann Thomas et de Jacques Krynen, la traduction des œuvres anglo-saxonnes de Skinner, Pocock et Kelley semble avoir aujourd’hui éteint la discussion. (Voir La République et le Prince moderne).

 

(1*) d’un couple de résistants célèbres, Maurice Kriegel-Valrimont et Paulette Lesouëf de Brévillier. Son père, dirigeant national de la Résistance, membre de l’Etat-major militaire des FFI, organisateur de l’Insurrection parisienne, en 1944, a reçu avec le Général Leclerc, Jacques Chaban-Delmas et le Colonel Rol-Tanguy, la reddition du Général Von Choltitz, avant de devenir parlementaire à l’Assemblée Nationale. Promu Grand-Croix dans l’ordre de la Légion d’Honneur, la république française lui a fait des funérailles officielles aux Invalides lors de son décès, en 2004. Il était issu d’une famille juive, originaire de la vallée du Rhin, qui s’était installé en Autriche-Hongrie avant de revenir à Strasbourg, au début du XXe siècle. La famille de sa mère, d’une lignée d’Aristocrates normands et picards, s’est illustrée sous l’Ancien régime (dans la dernière croisade, les guerres d’Italie, la Révolution et l’Empire). Cette double origine explique, selon Blandine Kriegel, l’intérêt qu’elle a porté à l’histoire de France et à la philosophie

 

(2*) Dans sa vie universitaire, Foucault n’a recruté que deux personnes, François Ewald et Blandine Kriegel.

 

(3*) Mariée en premières noces avec l’Inspecteur Général, Philippe Barret, dont elle a eu une fille, Lamiel, elle est aujourd’hui l’épouse de l’historien Alexandre Adler. Consciente de l’importance de la filiation et nouée à ses attaches familiales, Blandine Kriegel récuse cependant qu’on puisse (pas davantage pour une femme que pour un homme), y résumer une œuvre.

 

 

 

 

 


 
[1] Cette présentation est le résultat collectif d’une investigation et d’une réflexion engagées par des assistants, des collègues et amis de l’auteur, qui ont cherché à présenter le plus exactement possible et en soulignant ce qu’elle a apporté d’inédit, une œuvre qui n’est pas achevée. La présentation est complétée par deux entretiens plus personnels conduits par la philosophe Françoise Armengaud et le journaliste Alexis Lacroix (voir plus loin).


[2] A Lyon III (1988) et Paris X Nanterre (1993). Elle n’est plus professeur à Lyon depuis trente ans comme le prétend une fois de plus à tort la notice actuelle de Wikipédia, puisque en 1993, elle est devenue professeur à l’université de Paris X Nanterre.

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